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Blog des Innocents Injustement Accusés
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23 novembre 2008

2911 - L'analyse de la soeur de la victime du pont de Neuilly

marcmachinVéronique, soeur de la victime du pont de Neuilly et avocate de métier fait une analyse interessante de la procédure qui a conduit à la condamnation de Marc machin à deux reprises. La lecture de ce témoignage démontre qu'il ne suffit pas d'être innocent pour être reconnu innocent.

1 - Il faut avoir beaucoup de résistance en garde à vue pour faire face à tous les pièges tendus par les enquêteurs (Fatigue, torture psychologique, comportement copain-copain etc...)

2 - En cas d'aveu arraché d'une manière ou d'une autre, il faut savoir se contredire le plus rapidement possible, ce qui n'est pas toujours facile lorsque l'innocent a été manipulé psychologiquement,

3 - Il faut convaincre son propre avocat. C'est le premier juge !

3 - Il faut jouer un rôle exemplaire lors du grand théâtre des assises, ce qui est loin d'être facile pour un innocent révolté par l'injusstice qu'il subit et qui ne connaît pas bien la psychologie du contexte...

Tout cela est extrêmement difficile, quelques fois impossible,  pour les plus faibles, pour tous ceux que la vie a déjà bien esquinté avant qu'ils débarquent dans la galère de l'accusation injuste. Cela a été probablement le cas de Marc machin !

Copie intégrale du texte de Véronique

De la part de Véronique, sœur de la victime du meurtre commis sur le Pont de Neuilly entre 7 heures 30 et 8 heures, le samedi 1er décembre 2001.

Sœur ayant connaissance du dossier criminel depuis son ouverture, le 15 décembre 2001, jusqu’à sa fermeture, le 30 novembre 2005, date du procès d’appel de Marc Machin.

Sœur exerçant, par ailleurs, la profession d’avocat au Barreau de Paris et ayant, à ce titre, défendu des criminels ayant le "profil" de Marc Machin.

1)      À propos de Marc Machin.

Histoire familiale délétère.

Difficultés d’adaptation et d’insertion (scolaires, sociales) chroniques, installées dès la prime enfance, une enfance marquée par la discorde violente de ses parents et l’abandon : mère morte du sida, père totalement dépassé pour ne pas dire incompétent, placements en foyer d’accueil, etc.

Une parenthèse positive s’ouvre quand il est recueilli par sa grand-mère mais elle disparaîtra cependant trop tôt pour que la parenthèse ne se réduise pas à une parenthèse.

Manifestations de pulsions agressives et violentes précoces.

Parcours chaotique et passages à l’acte délinquants dès l’adolescence.

Émergence, dans le même temps, de difficultés liées à la sexualité, lesquelles se traduiront par une double problématique : attirance pour des femmes plus âgées, et inhibitions qui ne se déverrouillent que dans une approche agressive.

Résultats sur le plan pénal : le 1er décembre 2001, jour de la commission du meurtre dont il sera par deux fois déclaré coupable, Marc Machin a, notamment, été condamné par le Tribunal des mineurs pour une agression sexuelle (commise quand il était mineur, donc) à une peine de trente mois d'emprisonnement dont six mois fermes non mis à exécution, et il est mis en examen par un juge d’instruction pour des faits de viol.

Il a alors moins de vingt ans.

Il est libre à cette date parce que le Tribunal des mineurs ignorait, quand il l’a jugé au mois d’avril 2001, qu’il avait été mis en examen pour viol par un juge d’instruction au mois de janvier 2001 (effet normal de la présomption d’innocence), et parce que le juge d’instruction ignorait, quand il l’a mis en examen mais laissé libre sous contrôle judiciaire, qu’il allait être condamné par le Tribunal des mineurs (même observation).

2)      À propos de l’interpellation de Marc Machin le 13 décembre 2001.

Selon le témoignage recueilli le 2 décembre 2001 sur le Pont de Neuilly par les policiers de la brigade criminelle (le lendemain du meurtre dont Agnès a été victime), à la même heure que celle du meurtre, un jeune homme dont la description correspondait (pouvait correspondre) à celle de Marc Machin, a agressé verbalement une femme (infirmière) qui traversait ce Pont, quelques minutes avant le meurtre qui va être commis sur la personne d'Agnès, et son agression verbale avait un caractère sexuel, exprimé par une "entrée en matière" obscène mais singulièrement "polie".

La femme ainsi agressée a eu la présence d’esprit de lui répondre avec la même politesse "non merci Monsieur" et de s’enfuir mais, arrivée à l’autre extrémité du Pont, elle s’est arrêtée pour voir si elle était suivie et là, se trouvant devant un horodateur, elle a constaté qu’il ne la suivait pas et qu’il était 7 heures 34.

Elle a relaté aux enquêteurs la phrase obscène mais "polie" qui constituait "l’entrée en matière" de son agresseur.

Les investigations systématiques (et considérables) des enquêteurs ont permis de retrouver le dossier d’une plainte pour agression sexuelle dans lequel une phrase similaire avait été prononcée et qui avait abouti à l'interpellation de Marc Machin.

Les suites de cette découverte mèneront ainsi à Marc Machin qui ressemblait à l’agresseur décrit par l’infirmière et qui, dans son passé d’agresseur sexuel, avait utilisé cette phrase.

Pendant sa garde à vue, l'infirmière fera de lui une double reconnaissance : visuelle et sonore.

De même qu'elle le reconnaîtra pendant la reconstitution du crime, un an après les faits, et qu'elle le reconnaîtra pendant ses deux procès, d'une manière exclusive d'incertitude.

3)      Les aveux de Marc Machin, le 14 décembre 2001.

Interpellé et placé en garde à vue le 13 décembre 2001, Marc Machin va d’abord nier puis, le lendemain, avouer les faits, en faisant un récit troublant à deux égards : d’un côté, son récit rend vraisemblable le fait qu’il soit l’auteur du crime et de l’autre, son récit est lacunaire, mais il dit avoir été victime d’un "trou noir" entre l'agression et la vision du corps de la femme qu'il dit avoir "plantée", gisant dans son sang à ses pieds.

Il expliquera plus tard que ses aveux n’ont pas été faits sous l’empire de pressions ou de violences, tout à l’inverse : il dira qu’il a avoué parce que les flics de la brigade criminelle ont été "trop gentils avec lui", qu’il a avoué pour "faire plaisir" au flic qui lui a donné un vêtement parce qu’il avait froid, un chocolat chaud et une cigarette.

4)      La réitération des aveux de Marc Machin, le 15 décembre 2001.

Présenté au juge d’instruction puis au juge des libertés, Marc Machin réitère volontairement ses aveux, alors qu’on lui a expressément dit qu’il avait le droit de se taire.

Plus tard, à la question : "pourquoi avoir réitéré vos aveux alors que vous saviez avoir le droit de vous taire ?" (il a confirmé avoir été avisé de ce droit), il répondra : "j’ai avoué par politesse".

Ainsi, nous sommes en présence d’un jeune homme soupçonné d’un meurtre abominable qui avoue pour "faire plaisir à un flic trop gentil" et "par politesse envers un juge".

Dont acte.

5)      Le comportement de Marc Machin pendant la procédure.

Contrairement à ce que fait tout "innocent", il n’a présenté qu’une seule demande de remise en liberté pendant les (presque) quatre années de détention provisoire écoulées entre son placement en détention, le 15 décembre 2001, et le premier procès d’assises qui a eu lieu les 8 et 9 septembre 2004 à Nanterre.

Et depuis le commencement de la procédure jusqu'à ce procès (et celui qui suivra en appel), il a toujours eu une attitude de coupable : dans sa sémantique (il y a beaucoup à dire là-dessus) et dans ses dénégations, portées jusqu’à l’absurde, de faits qui, même sans lien aucun avec le crime, étaient des faits avérés.

Une précision de pur fait : son "alibi", pour la nuit du 30 novembre au 1er décembre 2001, a été infirmé et l’on sait que son père a tenté, par des procédés douteux, d’y remédier.

En résumé, car il y a trop à dire, jamais Marc Machin n’a eu une attitude ou un discours qui pouvait jeter le doute, dans l’esprit de ses interlocuteurs, sur sa culpabilité, c’est tout le contraire qui s’est produit.

6)      Le comportement de Marc Machin lors de son premier procès (septembre 2004).

Un comportement arrogant, agressif, inquiétant et, en même temps, aux antipodes du comportement d’un innocent.

Dénégations absurdes, on y revient, sur des faits avérés mais non déterminants dans ce procès, qu'il s'agisse de son passé ou des éléments recueillis par les enquêteurs, propos outrageants, provocations violentes suscitant un profond malaise, paroles non contrôlées (lapsus) terriblement révélatrices avec, notamment, une réponse à une question du président qui signifiait qu’il était là et qu’il était impliqué, etc.

Toutes les personnes présentes à ce procès ont acquis la conviction de sa culpabilité, avant même que le verdict soit prononcé.

Et quand Madame l’avocat général a commencé son réquisitoire, elle a dit : "hier, quand je suis entrée dans cette salle d’audience, je n’avais pas de conviction : il est vrai que dans cette affaire, il y a beaucoup de non-dits, de silences, d’obscurité, seul le cadavre de cette malheureuse femme parle, mais aujourd’hui, j’ai une conviction, Marc Machin est coupable et, Monsieur Marc Machin, c’est vous qui m’avez convaincue de votre culpabilité".

Et elle a achevé son réquisitoire en martelant : "Vous êtes dangereux".

(Ce qui est hélas exact, ainsi que le confirment les conclusions de l'expertise psychiatrique).

Lors de ce premier procès, l’avocat de Marc Machin, chargé de plaider l’acquittement à tout le moins "au bénéfice du doute" n’a pas une seule fois prononcé le mot "innocence" ni davantage le mot "acquittement".

7)      Le comportement de Marc Machin lors de son procès d’appel (novembre 2005).

C’est alors un avocat commis d’office qui le défend car le précédent n’est plus là.

Cet avocat, bon professionnel, ne pourra pas plus que le précédent "ramer contre la falaise" : Marc Machin est toujours un accusé qui cumule les handicaps : pas crédible dans son discours appris par cœur de prétendu innocent et effrayant dans un discours de coupable qui lui échappe et qu'il ne contrôle pas.

C’est tellement vrai que, lors de ce second procès, son père ne cherche plus à "plaider" pour lui contrairement à ce qu'il avait fait à Nanterre.

Un père qui, à Nanterre, avait été lamentable et insupportable : il a osé "plaider" la peine de mort pour l’auteur du crime (que n’était pas son fils, bien sûr).

Un père qui, à Versailles, a été lamentable mais pathétique : il a dit à la Cour d’assises que ce fils "incontrôlable" était devenu ce qu’il était devenu par la faute de la Société qui n’avait pas su le récupérer et que lui, le géniteur, il n’y pouvait rien.

Un père qui, explicitement ou implicitement, a demandé pardon pour le crime commis par son enfant "incontrôlable".

Le comportement de Marc Machin pendant ce procès d’appel a été tellement éloigné de celui d’un innocent que le verdict a été non seulement une confirmation mais une aggravation du précédent.

Et l’avocat commis d’office de Marc Machin a terminé sa plaidoirie devant la Cour d’assises d’appel avec ces mots :

"Pendant votre délibéré, entendez le cri silencieux de Marc Machin : sauvez-moi de moi-même !".

Il n'est pas neutre de constater que les deux avocats ayant successivement défendu Marc Machin aux Assises n'ont pas pu faire autrement que révéler la distance qui les éloignait de l'accusé, ce dont il ne faut pas hâtivement leur faire grief : c'est l'attitude de Marc Machin qui a miné leur défense et les a placés dans une situation impossible, un "cauchemar", ainsi que l'a dit Maître Louis Balling aux media, quand il est redevenu l'avocat de Marc Machin à la faveur du fait nouveau survenu au mois de mars 2008.

Faut-il le préciser, les deux procès ont permis, en 2004 et en 2005, de dissiper des contradictions et des énigmes du dossier de la procédure et, à cet égard, il faut dire le rôle décisif des explications données par le médecin légiste et par l’expert biologiste (notamment).

Il faut enfin dire que le témoignage de l’infirmière qui avait été agressée verbalement le samedi 1er décembre 2001 quelques minutes avant la mort horrible d’Agnès a été décisif car, ainsi qu’elle l’a toujours fait depuis le commencement de la procédure, cette femme a formellement et catégoriquement identifié Marc Machin comme étant son agresseur.

8)      Qu'en est-il aujourd'hui ?

Reste posée une question entêtante, étant donné le "fait nouveau" révélé au mois de mars 2008 : un autre homme est impliqué, certes, mais que faisait Marc Machin sur le Pont de Neuilly, le samedi 1er décembre 2001, aux environs de 7 heures 30 ?

Aussi longtemps que cette question n’aura pas de réponse, il sera interdit de considérer Marc Machin comme un innocent, abstraction faite de l’état de la procédure qui, aujourd’hui, ne permet pas de le considérer comme un innocent.

Il est remis en liberté en raison du "doute jeté sur sa culpabilité" par le "fait nouveau", il n'est pas innocenté.

La vérité, quelle qu’elle soit, est complexe, infiniment plus complexe que la version simplifiée à l’extrême et expéditive  qu’en donnent les media avides de sensationnel, c’est ce que j’essaie de dire, là où en j’ai l’occasion.

Pour ce qui me concerne, les conséquences personnelles et intimes de la mort abominable de ma jeune sœur sont les mêmes, quel que soit l'auteur.

Que ce soit Marc Machin ou n’importe quel autre qui ait été l’agent de l’horreur, je m’en moque éperdument, le coupable m'est étranger, quelque nom qu'il porte.

Seulement, je n’accepte ni l’approximation ni, et encore moins, les inexactitudes, à ce sujet.

Hélas, les media ont accumulé les approximations et les inexactitudes depuis que "tout le monde en parle", avec un manque de rigueur intellectuelle et de probité que je dénonce en ce qu'ils aboutissent à une désinformation du public profane et ignorant tout de l'histoire.

Media qui, il importe de le préciser, étaient absents lors des deux procès, une absence qui explique aujourd'hui leur totale ignorance des raisons pour lesquelles Marc Machin a pu être déclaré coupable, en dépit de ses dénégations et en dépit des apparentes failles de l'accusation.

Aucune personne ayant assisté à ces deux procès n'a pu quitter la salle d'audience en ayant un doute.

Aussi, s'il est innocent, ce qui n'est donc pas encore une vérité établie mais qui est une hypothèse à considérer, force sera de constater que c'est Marc Machin lui-même qui aura été l'auteur des deux verdicts aujourd'hui remis en question.

Et il sera alors permis de se demander pourquoi un innocent fut à ce point doué pour incarner un coupable.

Véronique

 

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