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Blog des Innocents Injustement Accusés
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10 avril 2009

210 - Les six lycéens Mâconnais acquittés en appel à Dijon

Lyc_ens_M_conDans le public, le silence est total, l'ambiance tendue à l'heure du dénouement. Une mère, une sœur d'accusés pleurent depuis quelques minutes, déstabilisées par les mines sombres des jurés.


A la question sur la culpabilité de viol par les six accusés pour laquelle ils avaient été condamnés de un à trois ans de prison ferme l'an dernier à Chalon, la réponse est NON.  Sur son banc, Marjorie Condemine, 37 ans a compris. Elle se cache le visage derrière son foulard. Et Marjorie Condemine est pour la seconde fois déboutée dans un procès d'assises où elle se présente en victime de viol (Première fois en 1993).

 

Tous les accusés et leurs familles  exultent  à la décision d'acquittement général pour les faits de viol.
Si bien que le président doit se fâcher pour ramener le calme.

 Le silence revient, les sourires demeurent. Longtemps. «On a souffert avec cette histoire» rappelle Jillali El Hilaoui. «Nous avons toujours clamé notre innocence. La justice a fait son boulot, on la remercie, ils ont trouvé la vérité.» Anis Snatah se réjouit aussi de parvenir au bout du tunnel: «Le cauchemar est fini, je peux enfin faire ma vie. Je travaillais mais j'ai perdu mon emploi à cause du précédent jugement. Maintenant, je vais enfin vivre...»

Une «tournante sauvage» peu crédible


Le matin , Me Doyez avait rappelé les jurés aux valeurs d'une démocratie dont la justice est un pilier. Me Lafarge avait enchaîné: «Ici on parle de choses sérieuses, de la vie de ces garçons. On n'est pas au Bilboquet, on ne joue pas au bonneteau.» C'était sa façon de dire que pour condamner les six lycéens, par exemple entre 8 et 12 ans de prison comme l'avait requis mercredi l'avocate générale Martin-Lécuyer, il faut des preuves solides et plus de vraisemblance.

 

«Le viol du 15 janvier 2004 avec trois fellations et quatre sodomies, c'est une tournante sauvage de 3ème sous-sol de parking à 2 heures du matin, pas un viol aux toilettes d'un lycée à une heure d'affluence! Personne n'a entendu un cri, pas un gémissement, personne n'a vu une larme...»

 

Et pas un vêtement taché à analyser, pas de constat médical, ce qui étonne de la part d'une femme qui fut déjà partie civile d'un procès pour viol en 1993. Et déjà vaincue par le manque de crédibilité de sa thèse. Cette affaire avait entraîné la mise en détention provisoire d'un enseignant pendant deux ans, avant que son innocence ne soit reconnue, rapporte France Info. «Si on ne l'arrête pas, elle en accusera d'autres» avait osé mercredi Me Noachovitch, défenseure des frères Snatah. Elle s'appuie sur une autre agression sexuelle révélée par Marjorie en 2006, classée sans suite.

 

Très solidaires dans leurs plaidoiries, les avocats de la défense sont aussi parvenus à remonter leur principal handicap, les «aveux» d’un accusé, obtenus sous la contrainte au milieu d'un interrogatoire sous influence selon Me Lafarge très énervé par la façon de faire du commissariat de Mâcon.

 

Les avocats ont également vertement critiqué le zèle du proviseur de Dumaine à constituer lui-même le groupe des supposés agresseurs de Marjorie Condemine en choisissant les élèves perturbateurs pour les soumettre à sa subordonnée. Tel n'est pas une garantie d'enquête neutre selon la défense.

 

Enfin, si Marjorie Condemine avait affiché de la constance dans ses déclarations à défaut de précision suffisante, l'expert-psychiatre ne la prenant d'ailleurs pas pour une affabulatrice, les conseils des accusés ont plusieurs fois pointé les carences de l'enquête: pas de reconstitution notamment aux toilettes du lycée, pas de recherche de lycéen éventuellement témoin.

 

Dans ces conditions, c'est le bon sens qui l'a emporté jeudi: on ne condamne pas sur des éléments si fragiles.

 

Thierry Dromard du Journal de Saône et Loire

 

 

Voir la vidéo en cliquant ici

 

  

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2 avril 2009

209 - Lorsque l'ADN se contredit

strubelAlex STRUBEL  a été accusé d'avoir tué sa femme à la suite d'un prélèvement d'ADN. Mais l'analyse d'ADN n'a pas été faite à partir d'un prélèvement sur le noyau de la cellule(ADN Nucléaire) mais sur une autre partie de la cellule: les mitochondries (ADN Mitochondriale). Or, seule l'ADN nucléaire représente la carte d'identité génétique d'un individu tandis que l'ADN mitochondriale peut se retrouver commune à plusieurs individus car il s'agit de fragment d'ADN.

Alex STUBEL a fait 14 mois de prison car l'enquête s'est limitée au premier résultat de l'analyse d'ADN mitochondriale,  preuve considérrée comme indiscutable jusqu'à ce qu'une analyse plus poussée démontre que l'ADN Nucléaire ne correspondait pas à celui de l'accusé mais à celui d'un autre individu qui a pu être identifié par la suite.

 

2 avril 2009

707 - Rudolph CLÖVERS, une autre victime de la dictature de l'émotion

le_20mondeExtrait de l'article de Patricia Jolly, (LE MONDE 23-02-09)

Sabrina Clövers, une Allemande âgée de 20 ans, dénonce aujourd'hui les malentendus qui ont conduit ses parents en prison en France. Son père, Rudolf Clövers, a été condamné en 1997 à douze ans de réclusion criminelle et à la déchéance de ses droits parentaux par la cour d'assises de l'Hérault pour viols et tentative de viols sur ses enfants, Florian et Sabrina.

Leur mère Elke, condamnée à deux ans de prison pour complicité et non-assistance à personne en danger, a effectué quinze mois de détention. Le témoignage de Sabrina, dont les parents sont aujourd'hui divorcés, permet à Me Ralph Blindauer, avocat de M. Clövers, de saisir la commission de révision des condamnations pénales de la cour d'appel de Paris, au terme d'un parcours ahurissant.

Cet été 1996 devait être une douce parenthèse dans le quotidien plutôt sombre des Clövers, une famille allemande à la lourde histoire médicale. Avec Florian, 11 ans, et Sabrina, 8 ans, qui portent encore des couches et suçotent des tétines, les Clövers ne passent pas inaperçus lorsqu'ils plantent leur tente au camping du Castellas à Sète (Hérault) pour six semaines.

Outre des troubles cérébraux et des problèmes de coordination, Florian souffre d'épilepsie, d'énurésie et d'encoprésie primaire (défécation permanente). Son état de santé accapare les siens. Il se montre violent verbalement comme physiquement avec sa mère et sa petite sœur, sourde à 30 %.

Depuis la naissance de leurs enfants, les Clövers sont suivis en thérapie familiale au Kinder Zentrum München, un centre de pédiatrie social bavarois, mais leur vie n'a jamais été légère.

Né avec une atrophie optique, le père est affligé d'une affection de l'ouïe évolutive qui le contraint, depuis 1976, au port permanent de prothèses auditives. Alors qu'il s'est péniblement hissé à un poste de cadre commercial, il a été déclaré inapte au travail en 1993. Cette mise à la retraite forcée à 40 ans a déclenché un état dépressif, des problèmes d'alcool et d'obésité. Asthmatique, Elke est très ébranlée depuis ses grossesses difficiles.

Au camping, on regarde un peu en biais ces gens pas comme les autres. Même le chien de Madame V., une voisine de tente, semble avoir ses préventions. Il les manifeste en sautant sur Sabrina puis sur Elke. Excédé, Rudolf - qui sera hospitalisé le jour même pour une attaque cérébrale - formule des doléances à l'office du tourisme, le 22 août.

Le surlendemain en soirée, les époux Clövers sont interpellés. Mme V. a accusé Rudolf d'avoir "enfourché" Sabrina en pleurs "caleçon baissé". Elke se serait, selon elle, postée devant la porte de la tente "pour masquer la scène". Coïncidence? Depuis plusieurs jours, les transistors et téléviseurs portables du camping comme ceux de l'Europe entière relaient les détails effroyables de l'affaire Marc Dutroux, le pédophile meurtrier belge.

R. Clövers refuse d'avouer ce qu'il n'a "pas fait". Un interprète l'enjoint de signer la déposition qu'il ne comprend pas, sous peine "d'aggraver (son) cas".

Terrorisés, les enfants ont été dirigés vers un hôpital. D'après les examens médicaux, l'hymen de Sabrina était intact (absence de lésion traumatique outre une zone érythémateuse qui expliquait les saignements, suite de démangeaisons zone vulvaire), et Florian vierge de toute marque traumatique. Mais l'encoprésie dont souffre le garçon occasionne un élargissement du sphincter anal qui autorise toutes les interprétations.

Sabrina se souvient d'interrogatoires elliptiques ou inductifs par interprète interposé. On lui demande de "dire la vérité sur ce qui s'est passé pour que papa puisse se faire soigner". Or, son père a été hospitalisé deux jours plus tôt... "J'ai fini par dire oui à tout pour avoir la paix, explique-t-elle, mon frère et moi, on ne comprenait rien et on avait peur." Les transcriptions d'auditions de Florian sont elles aussi troublantes, avec leurs phrases à rallonge alors que, lourdement handicapé, il était incapable d'aligner plus de trois ou quatre mots.

Sabrina a vécu quatre ans dans une famille d'accueil française dont elle est repartie à l'âge de 12 ans en ayant oublié l'allemand. Florian, lui, avait rejoint un centre spécialisé. Leur mère n'a recouvré ses droits parentaux qu'après son divorce durant la détention du père.

Libéré en mai 2003, M. Clövers a subi des menaces, des examens corporels humiliants, le manque d’hygiène et de soins - et les violences sexuelles réservées par le milieu carcéral aux pédophiles et fait des tentatives de suicide. Il est employé dans une entreprise de pompes funèbres en Allemagne. Sabrina est déterminée à lui rendre son honneur, "pour ne plus vivre avec ça".

Patricia Jolly, LE MONDE   Consulter le site du comité de soutien de R.CLÖVERS


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