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Blog des Innocents Injustement Accusés
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7 mars 2018

404 - L'instituteur de Genlis écrit à la ministre de la Justice

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Éric PECLET, l’instituteur accusé en novembre 2016 d’avoir violé une fillette de sa classe, puis incarcéré durant plus de quatre mois avant d’être mis hors de cause après des analyses d’ADN pratiquées sur des taches dans la culotte de l’enfant, s’est adressé à la ministre de la Justice dans un courrier envoyé le 6 mars 2018.

Il y dénonce la lenteur de l’instruction, le fait qu’il soit toujours sous le statut de témoin assisté alors que l’homme dont l’ADN a été trouvé dans la culotte de l’enfant n’a encore fait l’objet d’aucune mesure judiciaire et le danger que fait courir à la fillette cette absence de réaction de la justice.

Le comité de soutien à l’instituteur se réunit  mercredi 7 mars à Morey-Saint-Denis, et son avocat, Me Claude Llorente, devrait s'exprimer à l’issue une conférence de presse.

Le courrier de l’instituteur

"Madame la Ministre de la Justice,

Je me permets de vous écrire afin de vous alerter sur une situation d’urgence dont la Justice ne semble pas vouloir prendre toute la mesure dramatique.

Aucun homme, aucune femme, ne peut rester insensible à l'injustice de cette situation, aux risques potentiels encourus par la victime, une enfant qui a aujourd'hui cinq ans.

Je sais qu'en vertu du principe de la séparation des pouvoirs, vous ne pouvez pas intervenir dans le contexte d'une instruction en instance.

Cependant, mon devoir d'homme, de citoyen, de père de famille, d'enseignant, est de prendre à témoin l'autorité que vous représentez, le Ministère de la Justice, pour affirmer, preuves à l'appui, qu'un terrible drame s'accomplit, sans que l'autorité judiciaire en charge de la manifestation de la vérité n'agisse efficacement.

Enseignant en Côte d’Or, j’ai été mis en examen en novembre 2016 pour le viol d’une enfant de quatre ans dont le sang avait été retrouvé dans sa culotte.

Malgré le témoignage d’une collègue, restée à mes côtés le jour des faits, qui atteste de l’impossibilité matérielle d’une telle agression, j’ai été immédiatement incarcéré.

Je n’ai été libéré que quatre mois plus tard, totalement innocenté par l'ADN. En effet, l'expertise génétique du 23 mars 2017 du professeur DOUTREMEPUICH de Bordeaux révélait, exactement dans la tâche de sang de la victime, une tâche de sperme appartenant à un très proche de l'enfant.

Vous trouverez jointe une pièce qui reconstitue toute l'horreur, mais aussi toute la vérité, de l'acte qui s'est déroulé.

Il s'agit d'une culotte d'enfant de quatre ans sur laquelle ont été fidèlement reproduites les deux taches de même dimension confondues l'une dans l'autre, placées à l’intérieur de la culotte au niveau des organes génitaux de l’enfant et couvrant toute la partie avant de la culotte souillée telles qu'elles apparaissent sur les photos de l'expertise génétique du professeur DOUTRE-MEPUICH.

La tache rouge et la tache verte, telles qu'elles ont été localisées par le professeur DOUTREMEPUICH, matérialisent respectivement le sang de l'enfant et le sperme du proche.

Dès lors, bien que totalement innocenté par la science, loin d’obtenir le « non-lieu » que j’étais alors en droit d’espérer, j’ai été envoyé en contrôle judiciaire à près de 500 km de ma femme et mes quatre enfants alors que parallèlement aucunes mesures n’étaient prises, ni pour mettre en cause l'auteur des faits, ni pour garantir la sécurité de la victime.

Je ne dois la levée de ma mise en examen qu’à la décision de la chambre de l'instruction de la cour d’Appel du 15 novembre 2017 qui infirmait le rejet du juge d’instruction concernant ma demande d’obtenir le statut de témoin assisté.

Et, depuis bientôt un an, malgré les terribles expertises scientifiques accablantes, malgré les demandes répétées de mon avocat Me Claude LLORENTE, la situation particulièrement choquante et alarmante est aujourd’hui celle-ci : aucune information judiciaire n'est ouverte visant l'auteur du sperme mélangé au sang du viol, qui reste ainsi auprès de l’enfant.

Ce très proche, désigné par un dense faisceau d'indices concordants qui ressortent d’une lecture objective du dossier, définitivement identifié par son sperme depuis près d’un an, reste partie civile, échappe à l'ouverture d'une information, et sa défense est assurée par le même avocat que celui de l'enfant victime !

Pourquoi, le juge d’instruction n’accède-t-il pas, à la légitime demande formulée par l’association « Innocence en danger », représentée par Maître Marie GRIMAUD, partie civile, de désigner un administrateur ad hoc pour garantir en urgence la protection et les intérêts de l’enfant victime ?

Pourquoi, rejette-t-il nos demandes réitérées, celles de mon avocat et les miennes, de faire cesser le persistant conflit d’intérêt qui pollue l’affaire depuis les premiers jours de l’enquête en retirant les investigations des mains de la gendarmerie ?

(…)

Ce très proche de l'enfant, à qui appartient le sperme, bénéficie-t-il d'une protection quelconque ? Je n'ose y croire. Et pourtant… les faits sont là.

En tant qu’enseignant, il nous est réclamé de ne prendre aucun risque en cas de suspicion de maltraitance par le biais d’un signalement car la sécurité des enfants reste une priorité absolue. Or, nous sommes aujourd’hui dans une certitude absolue du danger potentiel qu’encourt la petite victime.

Ce très inquiétant positionnement de la justice a d’ores et déjà été dénoncé par de nombreux journalistes (L’Express, 66 minutes, France 3, RTL, RMC, BFM, Le Bien Public…), journalistes qui nous sollicitent régulièrement pour connaître les avancées dans cette affaire pour le moins préoccupante.

Croyez dans mon plus profond respect des institutions judiciaires, que je ne souhaite aucunement remettre en cause, mais il me semble capital que des « garde-fous » puissent non seulement exister mais également fonctionner pour éviter à la justice de s’égarer lorsqu’il lui arrive de perdre le recul nécessaire, en particulier lors de véritables situations d'urgence.

(…)"

 Ecouter Eric Peclet sur RMC : http://rmc.bfmtv.com/emission/un-instituteur-accuse-a-tort-de-viol-sur-une-fillette-un-mot-m-a-envoye-en-prison-1390078.html

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