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Blog des Innocents Injustement Accusés
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23 novembre 2008

2911 - L'analyse de la soeur de la victime du pont de Neuilly

marcmachinVéronique, soeur de la victime du pont de Neuilly et avocate de métier fait une analyse interessante de la procédure qui a conduit à la condamnation de Marc machin à deux reprises. La lecture de ce témoignage démontre qu'il ne suffit pas d'être innocent pour être reconnu innocent.

1 - Il faut avoir beaucoup de résistance en garde à vue pour faire face à tous les pièges tendus par les enquêteurs (Fatigue, torture psychologique, comportement copain-copain etc...)

2 - En cas d'aveu arraché d'une manière ou d'une autre, il faut savoir se contredire le plus rapidement possible, ce qui n'est pas toujours facile lorsque l'innocent a été manipulé psychologiquement,

3 - Il faut convaincre son propre avocat. C'est le premier juge !

3 - Il faut jouer un rôle exemplaire lors du grand théâtre des assises, ce qui est loin d'être facile pour un innocent révolté par l'injusstice qu'il subit et qui ne connaît pas bien la psychologie du contexte...

Tout cela est extrêmement difficile, quelques fois impossible,  pour les plus faibles, pour tous ceux que la vie a déjà bien esquinté avant qu'ils débarquent dans la galère de l'accusation injuste. Cela a été probablement le cas de Marc machin !

Copie intégrale du texte de Véronique

De la part de Véronique, sœur de la victime du meurtre commis sur le Pont de Neuilly entre 7 heures 30 et 8 heures, le samedi 1er décembre 2001.

Sœur ayant connaissance du dossier criminel depuis son ouverture, le 15 décembre 2001, jusqu’à sa fermeture, le 30 novembre 2005, date du procès d’appel de Marc Machin.

Sœur exerçant, par ailleurs, la profession d’avocat au Barreau de Paris et ayant, à ce titre, défendu des criminels ayant le "profil" de Marc Machin.

1)      À propos de Marc Machin.

Histoire familiale délétère.

Difficultés d’adaptation et d’insertion (scolaires, sociales) chroniques, installées dès la prime enfance, une enfance marquée par la discorde violente de ses parents et l’abandon : mère morte du sida, père totalement dépassé pour ne pas dire incompétent, placements en foyer d’accueil, etc.

Une parenthèse positive s’ouvre quand il est recueilli par sa grand-mère mais elle disparaîtra cependant trop tôt pour que la parenthèse ne se réduise pas à une parenthèse.

Manifestations de pulsions agressives et violentes précoces.

Parcours chaotique et passages à l’acte délinquants dès l’adolescence.

Émergence, dans le même temps, de difficultés liées à la sexualité, lesquelles se traduiront par une double problématique : attirance pour des femmes plus âgées, et inhibitions qui ne se déverrouillent que dans une approche agressive.

Résultats sur le plan pénal : le 1er décembre 2001, jour de la commission du meurtre dont il sera par deux fois déclaré coupable, Marc Machin a, notamment, été condamné par le Tribunal des mineurs pour une agression sexuelle (commise quand il était mineur, donc) à une peine de trente mois d'emprisonnement dont six mois fermes non mis à exécution, et il est mis en examen par un juge d’instruction pour des faits de viol.

Il a alors moins de vingt ans.

Il est libre à cette date parce que le Tribunal des mineurs ignorait, quand il l’a jugé au mois d’avril 2001, qu’il avait été mis en examen pour viol par un juge d’instruction au mois de janvier 2001 (effet normal de la présomption d’innocence), et parce que le juge d’instruction ignorait, quand il l’a mis en examen mais laissé libre sous contrôle judiciaire, qu’il allait être condamné par le Tribunal des mineurs (même observation).

2)      À propos de l’interpellation de Marc Machin le 13 décembre 2001.

Selon le témoignage recueilli le 2 décembre 2001 sur le Pont de Neuilly par les policiers de la brigade criminelle (le lendemain du meurtre dont Agnès a été victime), à la même heure que celle du meurtre, un jeune homme dont la description correspondait (pouvait correspondre) à celle de Marc Machin, a agressé verbalement une femme (infirmière) qui traversait ce Pont, quelques minutes avant le meurtre qui va être commis sur la personne d'Agnès, et son agression verbale avait un caractère sexuel, exprimé par une "entrée en matière" obscène mais singulièrement "polie".

La femme ainsi agressée a eu la présence d’esprit de lui répondre avec la même politesse "non merci Monsieur" et de s’enfuir mais, arrivée à l’autre extrémité du Pont, elle s’est arrêtée pour voir si elle était suivie et là, se trouvant devant un horodateur, elle a constaté qu’il ne la suivait pas et qu’il était 7 heures 34.

Elle a relaté aux enquêteurs la phrase obscène mais "polie" qui constituait "l’entrée en matière" de son agresseur.

Les investigations systématiques (et considérables) des enquêteurs ont permis de retrouver le dossier d’une plainte pour agression sexuelle dans lequel une phrase similaire avait été prononcée et qui avait abouti à l'interpellation de Marc Machin.

Les suites de cette découverte mèneront ainsi à Marc Machin qui ressemblait à l’agresseur décrit par l’infirmière et qui, dans son passé d’agresseur sexuel, avait utilisé cette phrase.

Pendant sa garde à vue, l'infirmière fera de lui une double reconnaissance : visuelle et sonore.

De même qu'elle le reconnaîtra pendant la reconstitution du crime, un an après les faits, et qu'elle le reconnaîtra pendant ses deux procès, d'une manière exclusive d'incertitude.

3)      Les aveux de Marc Machin, le 14 décembre 2001.

Interpellé et placé en garde à vue le 13 décembre 2001, Marc Machin va d’abord nier puis, le lendemain, avouer les faits, en faisant un récit troublant à deux égards : d’un côté, son récit rend vraisemblable le fait qu’il soit l’auteur du crime et de l’autre, son récit est lacunaire, mais il dit avoir été victime d’un "trou noir" entre l'agression et la vision du corps de la femme qu'il dit avoir "plantée", gisant dans son sang à ses pieds.

Il expliquera plus tard que ses aveux n’ont pas été faits sous l’empire de pressions ou de violences, tout à l’inverse : il dira qu’il a avoué parce que les flics de la brigade criminelle ont été "trop gentils avec lui", qu’il a avoué pour "faire plaisir" au flic qui lui a donné un vêtement parce qu’il avait froid, un chocolat chaud et une cigarette.

4)      La réitération des aveux de Marc Machin, le 15 décembre 2001.

Présenté au juge d’instruction puis au juge des libertés, Marc Machin réitère volontairement ses aveux, alors qu’on lui a expressément dit qu’il avait le droit de se taire.

Plus tard, à la question : "pourquoi avoir réitéré vos aveux alors que vous saviez avoir le droit de vous taire ?" (il a confirmé avoir été avisé de ce droit), il répondra : "j’ai avoué par politesse".

Ainsi, nous sommes en présence d’un jeune homme soupçonné d’un meurtre abominable qui avoue pour "faire plaisir à un flic trop gentil" et "par politesse envers un juge".

Dont acte.

5)      Le comportement de Marc Machin pendant la procédure.

Contrairement à ce que fait tout "innocent", il n’a présenté qu’une seule demande de remise en liberté pendant les (presque) quatre années de détention provisoire écoulées entre son placement en détention, le 15 décembre 2001, et le premier procès d’assises qui a eu lieu les 8 et 9 septembre 2004 à Nanterre.

Et depuis le commencement de la procédure jusqu'à ce procès (et celui qui suivra en appel), il a toujours eu une attitude de coupable : dans sa sémantique (il y a beaucoup à dire là-dessus) et dans ses dénégations, portées jusqu’à l’absurde, de faits qui, même sans lien aucun avec le crime, étaient des faits avérés.

Une précision de pur fait : son "alibi", pour la nuit du 30 novembre au 1er décembre 2001, a été infirmé et l’on sait que son père a tenté, par des procédés douteux, d’y remédier.

En résumé, car il y a trop à dire, jamais Marc Machin n’a eu une attitude ou un discours qui pouvait jeter le doute, dans l’esprit de ses interlocuteurs, sur sa culpabilité, c’est tout le contraire qui s’est produit.

6)      Le comportement de Marc Machin lors de son premier procès (septembre 2004).

Un comportement arrogant, agressif, inquiétant et, en même temps, aux antipodes du comportement d’un innocent.

Dénégations absurdes, on y revient, sur des faits avérés mais non déterminants dans ce procès, qu'il s'agisse de son passé ou des éléments recueillis par les enquêteurs, propos outrageants, provocations violentes suscitant un profond malaise, paroles non contrôlées (lapsus) terriblement révélatrices avec, notamment, une réponse à une question du président qui signifiait qu’il était là et qu’il était impliqué, etc.

Toutes les personnes présentes à ce procès ont acquis la conviction de sa culpabilité, avant même que le verdict soit prononcé.

Et quand Madame l’avocat général a commencé son réquisitoire, elle a dit : "hier, quand je suis entrée dans cette salle d’audience, je n’avais pas de conviction : il est vrai que dans cette affaire, il y a beaucoup de non-dits, de silences, d’obscurité, seul le cadavre de cette malheureuse femme parle, mais aujourd’hui, j’ai une conviction, Marc Machin est coupable et, Monsieur Marc Machin, c’est vous qui m’avez convaincue de votre culpabilité".

Et elle a achevé son réquisitoire en martelant : "Vous êtes dangereux".

(Ce qui est hélas exact, ainsi que le confirment les conclusions de l'expertise psychiatrique).

Lors de ce premier procès, l’avocat de Marc Machin, chargé de plaider l’acquittement à tout le moins "au bénéfice du doute" n’a pas une seule fois prononcé le mot "innocence" ni davantage le mot "acquittement".

7)      Le comportement de Marc Machin lors de son procès d’appel (novembre 2005).

C’est alors un avocat commis d’office qui le défend car le précédent n’est plus là.

Cet avocat, bon professionnel, ne pourra pas plus que le précédent "ramer contre la falaise" : Marc Machin est toujours un accusé qui cumule les handicaps : pas crédible dans son discours appris par cœur de prétendu innocent et effrayant dans un discours de coupable qui lui échappe et qu'il ne contrôle pas.

C’est tellement vrai que, lors de ce second procès, son père ne cherche plus à "plaider" pour lui contrairement à ce qu'il avait fait à Nanterre.

Un père qui, à Nanterre, avait été lamentable et insupportable : il a osé "plaider" la peine de mort pour l’auteur du crime (que n’était pas son fils, bien sûr).

Un père qui, à Versailles, a été lamentable mais pathétique : il a dit à la Cour d’assises que ce fils "incontrôlable" était devenu ce qu’il était devenu par la faute de la Société qui n’avait pas su le récupérer et que lui, le géniteur, il n’y pouvait rien.

Un père qui, explicitement ou implicitement, a demandé pardon pour le crime commis par son enfant "incontrôlable".

Le comportement de Marc Machin pendant ce procès d’appel a été tellement éloigné de celui d’un innocent que le verdict a été non seulement une confirmation mais une aggravation du précédent.

Et l’avocat commis d’office de Marc Machin a terminé sa plaidoirie devant la Cour d’assises d’appel avec ces mots :

"Pendant votre délibéré, entendez le cri silencieux de Marc Machin : sauvez-moi de moi-même !".

Il n'est pas neutre de constater que les deux avocats ayant successivement défendu Marc Machin aux Assises n'ont pas pu faire autrement que révéler la distance qui les éloignait de l'accusé, ce dont il ne faut pas hâtivement leur faire grief : c'est l'attitude de Marc Machin qui a miné leur défense et les a placés dans une situation impossible, un "cauchemar", ainsi que l'a dit Maître Louis Balling aux media, quand il est redevenu l'avocat de Marc Machin à la faveur du fait nouveau survenu au mois de mars 2008.

Faut-il le préciser, les deux procès ont permis, en 2004 et en 2005, de dissiper des contradictions et des énigmes du dossier de la procédure et, à cet égard, il faut dire le rôle décisif des explications données par le médecin légiste et par l’expert biologiste (notamment).

Il faut enfin dire que le témoignage de l’infirmière qui avait été agressée verbalement le samedi 1er décembre 2001 quelques minutes avant la mort horrible d’Agnès a été décisif car, ainsi qu’elle l’a toujours fait depuis le commencement de la procédure, cette femme a formellement et catégoriquement identifié Marc Machin comme étant son agresseur.

8)      Qu'en est-il aujourd'hui ?

Reste posée une question entêtante, étant donné le "fait nouveau" révélé au mois de mars 2008 : un autre homme est impliqué, certes, mais que faisait Marc Machin sur le Pont de Neuilly, le samedi 1er décembre 2001, aux environs de 7 heures 30 ?

Aussi longtemps que cette question n’aura pas de réponse, il sera interdit de considérer Marc Machin comme un innocent, abstraction faite de l’état de la procédure qui, aujourd’hui, ne permet pas de le considérer comme un innocent.

Il est remis en liberté en raison du "doute jeté sur sa culpabilité" par le "fait nouveau", il n'est pas innocenté.

La vérité, quelle qu’elle soit, est complexe, infiniment plus complexe que la version simplifiée à l’extrême et expéditive  qu’en donnent les media avides de sensationnel, c’est ce que j’essaie de dire, là où en j’ai l’occasion.

Pour ce qui me concerne, les conséquences personnelles et intimes de la mort abominable de ma jeune sœur sont les mêmes, quel que soit l'auteur.

Que ce soit Marc Machin ou n’importe quel autre qui ait été l’agent de l’horreur, je m’en moque éperdument, le coupable m'est étranger, quelque nom qu'il porte.

Seulement, je n’accepte ni l’approximation ni, et encore moins, les inexactitudes, à ce sujet.

Hélas, les media ont accumulé les approximations et les inexactitudes depuis que "tout le monde en parle", avec un manque de rigueur intellectuelle et de probité que je dénonce en ce qu'ils aboutissent à une désinformation du public profane et ignorant tout de l'histoire.

Media qui, il importe de le préciser, étaient absents lors des deux procès, une absence qui explique aujourd'hui leur totale ignorance des raisons pour lesquelles Marc Machin a pu être déclaré coupable, en dépit de ses dénégations et en dépit des apparentes failles de l'accusation.

Aucune personne ayant assisté à ces deux procès n'a pu quitter la salle d'audience en ayant un doute.

Aussi, s'il est innocent, ce qui n'est donc pas encore une vérité établie mais qui est une hypothèse à considérer, force sera de constater que c'est Marc Machin lui-même qui aura été l'auteur des deux verdicts aujourd'hui remis en question.

Et il sera alors permis de se demander pourquoi un innocent fut à ce point doué pour incarner un coupable.

Véronique

 

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13 octobre 2008

2910 - Loïc SECHER, victime de la dictature de l'émotion

aveugle_justice_Réunie le lundi 13 octobre, la commission de révision des condamnations pénales a refusé la remise en liberté de Loïc SECHER, condamné en 2003 puis en 2004 à 16 ans de réclusion et à près de 350 000 € d’indemnités et frais de justice pour un crime de viol dont il s’est toujours déclaré innocent. La jeune fille qui avait accusé Loïc Sécher de ce crime, il y a 8 ans alors qu’elle n’avait que 13 ans, a écrit à la justice en avril 2008 pour signaler qu’elle avait menti et demander la libération de l’innocent qui a déjà accompli 6 ans de détention injustifiée. Qui est responsable de ce gâchis ?

 

 

Loïc Sécher a déclaré qu’il n’en voulait pas particulièrement à la jeune fille car elle était elle-même une victime du «système». Il suffit de lire le témoignage de Virginie Madeira pour comprendre le piège tendu aux enfants ou adolescents qui, un jour, ont eu la mauvaise idée d’inventer une agression sexuelle pour se valoriser. (J’ai menti – V. Madeira)

 

 

Si Loïc Sécher a pu comprendre la fragilité psychologique de la prétendue victime, il est probable qu’il ne pardonnera pas aussi facilement à l’entourage  de cette dernière de l’avoir immédiatement désigné comme coupable.

 

 

Mais au delà de l’entourage, c’est tous ceux qui ont contribué à fabriquer, depuis le milieu des années 90, le «systéme » de la dictature de l’émotion qui doivent être montrés du doigt. Ils sont responsables des dérapages et bavures qui se sont succédés jusqu’au chaos d’Outreau.

 

 

Tout commence avec l’affaire Dutroux  en Belgique au milieu des années 90. La peur s’installe dans toutes les couches de la population en Belgique mais aussi en France et dans d’autre pays. Toute la société exige des mesures pour assurer la  sécurité des enfants face aux agresseurs sexuels et aux réseaux de pédophilie.

 

 

La classe politique française entend le message et veut démontrer qu’elle est capable d’ériger des murs de protection pour tendre vers la suppression totale de l’inacceptable. Chacun y va de sa propre déclaration : Le 4/09/1996, le Premier Ministre Alain Juppé déclare à l’express : «Il faut parfois mettre entre parenthèses les droits de l’homme pour protéger ceux de l’enfant ». En 1996, François Bayrou, Ministre de l’Education nationale promet au sujet des soupçons pesant sur le milieu scolaire : « Si dans l’enquête quelqu’un est  soupçonné, on suspend sa présence auprès des élèves ». Le 11 juin 1997, Ségolène Royal déclare à Europe1 : « Il faut que la parole des enfants soit entendue, qu’ils soient crus ». En 1999, le conseiller Hayat affirme à une délégation syndicale  au nom des ministres Allègre et Royal: « Si un enfant peut être préservé au prix de neuf enseignants accusés à tort, l’objectif est rempli ».

Le temps de l’action a rapidement suivi celui des promesses. Ce fut d’abord la circulaire Royal de 1997 qui obligea le personnel de l’Education en cas de rumeur à « s’extraire au plus vite » de cette situation en informant sa hiérarchie (donc en colportant la rumeur) afin de procéder à une enquête interne (plutôt difficile à mettre en œuvre dans le cas d’une rumeur) puis à une dénonciation au procureur de la république. Il fut clairement rappelé au personnel de l’Education que « Tout manquement à cette obligation légale l'expose à être poursuivi en justice pour non-empêchement de crime, non-dénonciation de mauvais traitements, omission de porter secours ou non-assistance à personne en péril, selon les cas  et à  faire l'objet de poursuites disciplinaires ». Le personnel de l’Education apprit très vite à ouvrir les parapluies et les résultats des ordres de Madame Royal furent à la hauteur de ses ambitions. Le nombre de mis en cause dans l’Education explosa en quelques années.

 

Les Officiers de Police Judiciaire firent preuve d’un talent particulier pour augmenter la pression sur les « présumés coupables » d’agressions sexuelles sur enfants. Tout cri d’innocence fut systématiquement interprété comme une circonstance aggravante. Il suffit de lire les témoignages des innocents d’Outreau ou d’ailleurs qui ont subi les 48 heures de torture pour comprendre que le seul objectif recherché, c’était de faire du chiffre et du spectacle. Les mises en examen furent automatiques. Le statut de témoin assisté créé en 2001 par la loi sur la présomption d’innocence fut très souvent laissé de côté dans les dossiers traitant des accusations d’agressions sexuelles sur enfant. L’incarcération suivait la mise en examen dans la plupart des cas. Comme tant d’autres, Loïc Sécher n’y échappa pas. Il n’était plus question pour les magistrats de prendre le moindre risque de remise en liberté d’un « présumé coupable d’agressions sexuelles sur un enfant ». A leur tour, les médias comprirent très vite que le sujet faisait vendre. Radios, télévisions et presse écrite se ruèrent sur les scoops pour entretenir la peur et attirer l’attention. Les associations de défense des enfants ajoutèrent leur grain de sel pour crier au scandale chaque fois qu’un « présumé coupable » était libéré, innocenté ou bénéficiait d’un non lieu. Le monde politique applaudissait. Il suffit de se remémorer l’attitude de la ministre Royal après le suicide de Bernard Hanse en 1997 ou du ministre Lang lors du lynchage d’Alain Hodique en 2001.

 

 

C’est ainsi que les années 1997 – 2005 furent des années de terreur pour les innocents victimes d’une simple rumeur ou, pire, d’une dénonciation mensongère provenant d’un enfant qu’on ne savait pas écouter ou qui était lui même manipulé par un entourage avide de vengeance dans certaines familles en crise. La prétendue victime de Loïc Sécher était fragile psychologiquement. Au lieu de tenter de comprendre son mal être, la justice a utilisé cette fragilité contre LoÏc Sécher.

 

 

Certains innocents ont pu sortir de la galère avant la condamnation définitive.  Le blog des innocents en donne quelques exemples. Mais de nombreux innocents ont été condamnés entre 1997 et 2005 sur de simples présomptions de culpabilité. Loïc Sécher en fait partie. Bien qu’il ait toujours crié son innocence même sous la torture psychologique dont il n’a probablement pas dû être épargné en garde à vue, bien qu’il n’existait pas d’éléments probants de sa culpabilité,  le juge d’instruction a tout simplement refusé d’organiser une confrontation avec la prétendue victime avant de le renvoyer devant les assises. Et avec la dénonciation mensongère d’un enfant, fragile psychologiquement, pour seul élément à charge, le ministère public n’a pas hésité à demander la condamnation définitive. Pire que cela, il l’a obtenu de deux jurys d’assises composés de 9 et 12 membres. Espérons que ces 21 jurés ont aujourd’hui, au nom du peuple, un début de conscience de leur propre responsabilité dans les rouages de la machine à broyer.

 

 

Il ne fait donc aucun doute que pendant cette période de terreur, l’institution judiciaire est devenue le bras armé de la dictature de l’émotion ! Et aujourd’hui, la question doit être posée. Combien d’autres innocents croupissent dans nos prison dignes du moyen âge avec un statut de pointeur qui les réduit à être des sous hommes parce qu’un jour ils ont été tout simplement victimes de cette dictature ?

 

 

Mais il semble évident que l’institution judiciaire peine à reconnaître ses probables erreurs. La fragilité psychologique de la prétendue victime n’a pas été jugé suffisante pour ouvrir la porte du doute lors des deux condamnations de Loïc Sécher. Par contre, elle est utilisée, aujourd’hui, par la cour de révision comme un élément de doute sur la rétractation de la jeune fille qui est pourtant majeure et déclare souffrir de savoir qu’un innocent est en prison pour rien. Si un doute doit être exprimé par Loïc Sécher, c’est bien celui de la confiance dans la justice de cette dictature de l’émotion.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

5 avril 2008

2911 - Marc Machin sera-t-il le 7éme condamné, depuis 1945, à pouvoir bénéficier d’une révision de son procès ?

SortieIls ne sont que 6 à avoir eu la « chance », dans leurs galères respectives, de trouver la porte de sortie de l’injustice par une révision de leur procès : Jean DEHAYS, condamné en 1949 à 20 ans de travaux forcés et acquitté en 1955, Jean Marc DEVEAUX, condamné en 1963 à20 ans de réclusion criminelle et acquitté en 1969, Roland AGRET, condamné à 15 ans en 1973 et acquitté en 1985, Guy MEAUVILLAIN, condamné en 1975 à 18 ans et acquitté en 1985,  Rida DAALOUCHE, condamné à 14 ans en 1994 et acquitté en 1999, Patrick DILLS, condamné en 1989 à la perpétuité et acquitté en 2002.

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Seulement 6 erreurs judiciaires reconnues en 63 ans, cela signifie-t-il que la justice est « presque » infaillible ou que d’autres innocents ont pu être condamnés définitivement sans avoir eu l’opportunité d’apporter un « fait nouveau de nature à jeter un doute sur la culpabilité du condamné » ?

 

 

Marc MACHIN sera peut être le 7ème si la commission de révision décide de le renvoyer devant un Tribunal alors qu’il a été  condamné à 18 ans de réclusion criminelle par la Cour d'assises des Hauts-de-Seine en septembre 2004, peine confirmée en appel à Versailles en novembre 2005 pour le meurtre de Marie-Agnès BEDOT, assassinée sur le pont de Neuilly un soir de décembre 2001.

 

 

Grâce du destin, ce sont  les aveux spontanés d’un SDF, David SAGNO, confortés par la présence de son ADN sur les vêtements de la victime, qui permettront, peut être, à Marc MACHIN de mettre fin à son calvaire en transformant, enfin, ses cris d’innocence en vérité.

 

 

Si l'erreur judiciaire était confirmée, elle  rouvrirait un vieux débat sur la procédure criminelle française. Destruction des indices, culture des aveux, intime conviction !

 

 

Il est probable que dans l’avenir, les nouvelles techniques de détection de l’ADN engendreront  la nécessité de conservation des indices pour d’éventuelles recherches plus sophistiquées lorsqu’un doute subsistera. Trop de dossiers n’ont pu être réouverts faute de conservation des indices pour une recherche ADN !

 

Il faut également espérer que l’évolution de la technicité permettra d’abandonner la culture des aveux relevant plus du moyen âge que de notre siècle ! Combien d’innocents, victimes des tortures psychologiques et physiques de la garde à vue ont fini par avouer des crimes qu’ils n’avaient pas commis ? Le temps de garde à vue doit être un temps d’enquête avec des droits respectés du gardé à vue. Trop souvent, ce temps est considéré comme une zone de non droit dans laquelle l’équilibre de l’enquête à charge et à décharge est oublié au profit d’une mise en scène de scénarios relevant de l’intime conviction !

Marc Machin avait déjà un casier judiciaire conséquent : condamnations pour vol en réunion, violences sur personnes dépositaires de l'autorité publique, dégradation volontaire de monument. Il avait, de plus, été placé, pour une agression sexuelle commise quelques mois avant le meurtre de M.A BEDOT, sous un contrôle judiciaire qu'il ne respectait pas.

 

N’était-ce pas suffisant pour forger l’intime conviction des enquêteurs et oublier les éléments à décharge comme l’absence de toute trace d’ADN de Marc Machin sur les vêtements de la victime !

 

En garde à vue, Mar Machin  commence par nier, avant d'avouer lors de la cinquième audition. Que s’est-il passé entre la première et la cinquième audition ? Un procès verbal de garde à vue ne fait jamais état du traitement réservé au prévenu pendant sa période de garde à vue hors l’indication administrative des temps de repos.

 

Marc Machin se rétractera par la suite et criera son innocence au cours de ses deux procès d’assise.

En vain !

 

Car, l’intime conviction, c’est aussi la règle de fonctionnement du jury de la Cour d’assise qui n’a pas à justifier ses décisions! Conception étonnante de la justice lorsqu’on décide de la vie d’un individu !

 

Marc Machin ne représentait-il pas le coupable idéal dans le cadre de cette intime conviction ! Le Monde du 26 mars 2008 précise : « Il n'a pas 6 ans quand sa mère décède des suites du sida. Il a déjà effectué un séjour dans un foyer de la Ddass quand il est placé dans une famille d'accueil, où il dit avoir été abusé sexuellement par un autre jeune en difficulté. La mort de sa grand-mère, avec laquelle il a vécu, à Marseillan (Hérault), de 8 à 12 ans, met fin à la seule période heureuse et scolairement réussie de son enfance. Il est ensuite renvoyé à Paris, chez son père, policier, alcoolique. Il arrête ses études générales en 4e et il obtient un CAP de peintre en bâtiment. En 2001, lorsqu'il est interpellé, cela fait plusieurs mois que M. Machin ne travaille pas, ne touche aucune aide sociale et vit toujours chez son père. Selon ses déclarations au cours de l'instruction, il passe ses soirées et ses nuits à boire, seul ou avec ses amis, et à errer dans les rues de Paris. Très impulsif, il lui arrive souvent de se battre. Il porte régulièrement un couteau, utile, selon lui, quand il va acheter son "shit" en banlieue. Il se rend aussi régulièrement au bois de Boulogne pour "mater". Presque effrayé par ses pulsions sexuelles, il a déjà consulté plusieurs psychologues. »

 

 

La procédure de révision d'une condamnation définitive est lourde et peut prendre plusieurs années. L'avocat de Marc Machin a demandé la remise en liberté immédiate de son client. La commission de révision peut décider à tout moment la suspension de la peine purgée par Marc Machin en attendant la fin de l'examen de la requête en révision. Souhaitons qu’elle prenne une décision rapide car, pour le moment, deux hommes sont en détention pour un crime commis par un seul d’entre eux: D’un côté, un vrai coupable pour la justice, Marc Machin, qui crie son innocence et, de l’autre, un présumé innocent pour la justice, David SAGNO,  qui se déclare coupable !


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