Chantilly : Un homme jugé pour le viol de sa fille de 4 ans a été acquitté.
Eric M. a toujours dit avoir été victime des manipulations de l’enfant par sa mère qui voulait obtenir la garde exclusive de la fillette.
L’enquête avait démarré en juin 2012, lorsque Sylvie T., mère de Lorena, et séparée d’Eric M., dépose plainte pour des « faits d’agression sexuelle » commis sur sa fille de quatre ans. L’enquête délivrera le bilan psychologique de sa fille qui révèle des « attouchements à caractère sexuel par son père au moment du bain », à son domicile de Chantilly.
Pour les deux experts psychologues de l’unité médico-judiciaire (UMJ), qui entendent la petite fille peu de temps après les faits de viol supposés, les dires de l’enfant peuvent être sujets à caution car manifestement influencés par sa mère. « Une mère envahissante », exprime le premier spécialiste, qui ne pourra pas entendre la fillette toute seule lors de leur première entrevue. « Sans mettre totalement en doute ses paroles, c’est une enfant influençable et suggestible, qui adapte son récit, on ressent beaucoup l’influence de sa mère », appuie sa collègue de l’UMJ.
Un an plus tard, la mère de la victime transmet aux enquêteurs une vidéo où l’on voit l’enfant dans son bain, déclarant que son père « lui avait mis un doigt dans le vagin ». Il lui aurait aussi « demandé de venir dans son lit alors qu’il s’y trouvait nu ». Est-ce comme cela que l’on doit recueillir la parole d’un enfant de 4 ans ? La question reste posée !
En juin 2013, un examen gynécologique met en exergue « une lésion au niveau de l’hymen, constatations étant compatibles avec les allégations de l’enfant ».
Placé en garde à vue, l’accusé niera tout en bloc. Il se défendra en précisant que sa fille « se lavait seule depuis plusieurs années ». Ses proches le soutiendront et feront état d’un « complot » manigancé par l’ex-compagne d’Eric M., alors que la garde exclusive de sa fille est en jeu.
« C’est effectivement un cas de séparation compliqué, souligne Me Gallon, avocat de la fillette. Mais ses proches se servent de cette situation pour montrer qu’il ne s’est rien passé. Les examens médicaux sont pourtant clairs. »
Au mois d’octobre 2013, Eric M. sera mis en examen. Quelque temps plus tard, Lorena, alors âgée de 5 ans, sera claire face aux enquêteurs. « Je ne veux plus voir mon père ». L’accusé est depuis ce jour placé sous contrôle judiciaire.
Le procès s’est déroulé en juin 2017 et s’est soldé par l’acquittement du père.
Le rapport gynécologique était clair, il y a bien eu incision de l’hymen de la fillette. Restait à savoir qui en a été le responsable ? Pendant trois jours, le père a clamé son innocence, répétant qu’il s’agissait d’une manipulation de son ex-femme pour obtenir la garde exclusive de leur fille.
Cette théorie, Maître Benitez de Lugo, l’avocate de la mère de la fillette, a tenté de la démonter. « Cette négation des faits est une énorme souffrance pour ma cliente, a-t-elle martelé. Si elle est aussi machiavélique que cela, pourquoi attendre trois ans après la séparation pour agir ? » En vain.
De son côté, après avoir exprimé des regrets sur une enquête « qui n’est pas allée au bout », Christian Gallon, l’avocat de la fillette, s’est interrogé sur la supposée manipulation de celle-ci, comme l’avait suggéré le père de famille durant ces trois journées d’audience. « A quatre ans et demi, est-on capable de jouer un rôle ? »
Un argument sur lequel n’a pas manqué de rebondir l’avocat d’Éric M., Arnaud Robin, lors de sa plaidoirie : « Brigitte Fossey avait 4 ans sur le tournage de Jeux Interdits. Suffisant pour apprendre et réciter un texte. » Puis l’avocat s’est appliqué à démontrer la préméditation de cette mère qui aurait « toujours voulu évincer le père ». « Cette affaire commence lors de la rencontre, en 2010, avec le juge des affaires familiales auquel elle demandait une garde exclusive », a-t-il assuré.
Le verdict rendu, reste encore une question en suspens. Qui est responsable du viol de la fillette ?