Vendredi 22 mai 2015, Fabrice Burgaud a dû s'expliquer, et convenir de plusieurs faiblesses dans son travail d’instruction qu’il a mené dans l’affaire d’Outreau.
"Daniel Legrand fils est mis en examen sans période de faits", a d'abord souligné le président Philippe Dary. "Sur le territoire national, ça n'a aucun sens !" s'est-il exclamé. "Comment peut-on se défendre face à des accusations qui ne sont pas marquées dans le temps ?" s'est interrogé le président.
"Il aurait été préférable de préciser des périodes..." a admis Fabrice Burgaud avant d'ajouter : "Je pense que ce n'était pas possible par rapport aux auditions qu'on faisait..."
"Parmi tous ces enfants avec lesquels Daniel Legrand dit avoir été en présence" en les désignant sur des photos, lors de ses aveux temporaires au cours de l'instruction, a poursuivi Philippe Dary, "aucun ne désignera Daniel Legrand de quelque manière que ce soit... Ça interpelle ?" a poursuivi le président sans que Fabrice Burgaud trouve quelque chose à répondre.
Puis le président a évoqué le fait que, dans la plupart des cas, les albums photo présentés aux personnes interrogées, victimes ou agresseurs présumés, n'étaient pas panachées avec des personnes étrangères aux faits, comme cela se pratique d'ordinaire dans les enquêtes de police pour déceler les déclarations fantaisistes. Fabrice Burgaud en a rejeté la faute sur les services de police. "Je leur faisais confiance avec le peu d'expérience qui était la mienne... C'est vrai que quand ils (les albums photo) sont arrivés, j'aurai pu demander à ce qu'on les reprenne", a daigné admettre l'ancien juge d'instruction.
Reprenant le chef de mise en examen de Daniel Legrand, accusé de viols et agressions sexuelles nommément sur les quatre fils Delay, le président s'est étonné que ces quatre enfants soient "les seuls à qui on ne montrera pas de photos..." de Daniel Legrand et de son père, pour voir s'ils pouvaient les reconnaître. "Un élément de réponse, c'était aussi d'éviter la multiplication d'auditions sur des enfants très jeunes... Je ne les ai entendus qu'une seule fois..." a fini par répondre Fabrice Burgaud, après un long silence .
Le président a enfin relevé la mise en cause de "ces Daniel Legrand, qui ne sont ni Dany Legrand, ni belges, ni patrons de sex-shop...", alors que c'était ainsi que Myriam Badaoui, la mère des enfants Delay, avait décrit un des hommes, et non deux en même temps, qu'elle accusait d'avoir participé aux viols de ses enfants.